Agnès au Congo, ou de la permanence du viol

de la hierarchisation des viols dans l'imaginaire collectif

Le viol comme arme de guerre, la femme comme butin

Pendant des jours, le cas d’Agnès, cette ado violée et tuée par un jeune barbare a agité les media de France et les états majors politiques, chacun se positionnant. « Epiphénomène » imprévisible, politiquement récupéré, pour les uns ; manque encore de sévérité pour les autres alors que le fond est beaucoup plus simple : quelle que soit la solution trouvée pour ce pervers il ne fallait pas le replonger au milieu d’enfants, quitte à le déscolariser (il a plus de 16 ans il n’y a plus d’obligation).

Ce qui est plus intéressant c’est la réaction d’horreur partagée, quel que soit le bord politique, ainsi que l’émotion qui nous a tous gagnés durant un si long moment, cette empathie avec Agnès. Dans le même temps une actualité est passée un peu inaperçue : les élections au Congo avec l’espoir bien mince d’un retour de la paix. Et alors, quel rapport ? Eh bien, le viol sauvage et le meurtre justement, dénoncé depuis des années par nombre d’ONG sur place dans l’indifférence générale. Oh rien de si terrible, juste une destruction systématique et planifiée du corps et de l’esprit de dizaines de milliers de femmes et d’enfants dans les régions du nord est (Kivu). Et ce essentiellement suite aux affrontements entre divers pays sur le sol congolais dont le Congo lui-même contre les alliés (enfin lâchés) du grand humaniste qui dirige le Rwanda, Paul Kagame…

D’un autre côté, c’est un peu une question de hiérarchisation de l’info, ce qui est humain. Ainsi le voisin qui tombe dans l’escalier nous touche parfois plus que les 10 morts d’un accident de train à Marseille qui nous concernent pourtant plus que les 150 tués d’un attentat à Bagdad ou les millions de morts de la guerre des Grands Lacs en Afrique. C’est normal, au sens littéral, mais c’est parfois effrayant.

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